Logo écologieÉleveurs de loisir pros du bouturage ?
Le ministère de l'écologie nous interroge sur les pratiques d'aquariophiles amateurs qui deviendraient des "pros du bouturage de coraux durs" et donc génèreraient des profits qui vont à l'encontre de leur statut de particuliers et créent une concurrence déloyale avec les professionnels concernés de la filière.

Cette interrogation émane d'une "dénonciation" de l'un des experts en aquariologie auprès de ce ministère et membre de la commission nationale pour la délivrance des certificats de capacité, après discussion avec l'un de ses fournisseurs.
Selon lui, "... A la manière des services de transport, ou d’hébergement un grand nombre d’aquariologistes amateur à l’origine, se met à vendre des quantités de plus en plus importantes de boutures de coraux, transformant une activité d’échange en un véritable commerce sans pour autant supporter les « contraintes » règlementaires et économiques des commerçants patentés de cette filière. En plus de la fragilisation de l’activité économique de ces fournisseurs français, la généralisation de ces pratiques « d’hubérisation" rompt l’équilibre fragile instauré dans les pays de collectes car, la vente ne se faisant plus en boutique, les importateurs diminuent les approvisionnements en provenance des pays producteurs, mettant en péril les familles qui avaient « adhéré » au principe de collectes durables et raisonnées, en mettant en place localement de filières de bouturage. La conséquence finale retombant sur la biodiversité naturelle des récifs coralliens".


Notre réponse :

La FFA refuse bien entendu de cautionner l’activité d’aquariophiles qui confondent commerce et élevage d’agrément, quelle que soit d’ailleurs l’espèce élevée.

Il nous est arrivé de constater la présence répétée d’éleveurs à certaines bourses aquariophiles organisées dans un même secteur. Mais ceci ne touche régionalement qu’une ou deux personnes généralement connues pour posséder un aquarium de taille importante dans lequel les coraux prospèrent. Ils proposent d’ailleurs des boutures à des tarifs qui sont très loin de leur permettre de compenser les frais liés à leur élevage.

Il est en effet très important de se rappeler que, dans un bac correctement géré et équilibré, les coraux croissent et doivent impérativement être « bouturés » de façon à éviter une concurrence implacable, les espèces les plus « fortes » tuant les espèces plus vulnérables afin d’étendre leur espace vital. Dans de bonnes conditions, certaines colonies coralliennes peuvent ainsi croître de 1 à 3 cm par mois en tous sens.
Le problème est donc la gestion de ces boutures. Les détruire est impossible, tout d’abord parce qu’un éleveur répugne à tuer ses animaux. Mais également parce que de nombreuses espèces coralliennes sont protégées par la législation.
Doit-on détruire des animaux dont tout le monde s’accorde à reconnaître qu’ils sont en danger dans la nature et dont l’élevage réduit la pression sur les populations sauvages ?

Il faut d’ailleurs noter que l’élevage des coraux apporte d’autres avantages qui, même minimes, doivent être pris en considération, par exemple :
   * diminution de l’impact carbone en supprimant le transport aérien ;
   * contribution à la diminution déficit commercial extérieur ;
   * diminution du coût d’un loisir éducatif et scientifique ;
   * Participation à la prise de conscience de la nécessité impérative d’agir pour sauvegarder les biotopes naturels, en l’occurrence les récifs coralliens.

Le commerce des espèces par petites annonces sur internet peut être relativement facile à contrôler et les « faux éleveurs d’agrément » rapidement repérés. Différentes affaires antérieures l’ont démontré même si nous avions dénoncé, à l’époque, des erreurs et abus de la part des services déconcentrés de l’État.

Restent les bourses pour lesquelles aucune législation particulière n’est définie. Le principe est de considérer ces manifestations comme des « ventes au déballage » limitant ainsi la participation au maximum à deux bourses annuelles par éleveur. Mais aucun texte ne le confirme.

La FFA vient de mettre en place un « label bourse ». C’est une reconnaissance interne qui a pour vocation de promouvoir les bourses organisées par les associations affiliées qui s’engagent à respecter et faire respecter, par une politique volontaire, le bien-être animal et la législation sur la cession des animaux.
Ce « label » n’a absolument aucune valeur juridique.
Nous profitons néanmoins de ces bourses pour informer les responsables aquariophiles et les exposants sur la réglementation en vigueur et leur rappeler, si nécessaire, les règles éthiques édictées par la fédération.

Nous n’avons absolument aucun pouvoir de contrôle et, même si nous en étions investis, notre trésorerie ne le permettrait pas.

En conclusion, tout en les condamnant, nous n’avons aucun moyen d’agir sur les ventes illégales d’animaux, et plus précisément de coraux, sur internet, par de pseudos éleveurs d’agrément qui chercheraient avant tout le profit.
Les actions à entreprendre sont, à notre avis, du ressort des services déconcentrés de l’État. Encore faudra-t-il bien faire la différence entre « établissement d’élevage » et « élevage d’agrément » au sens de l’arrêté du 10 août 2004.

Concernant les ventes en bourse, la Fédération ne peut agir que dans la limite de ses (très faibles) moyens qui se limitent à ce jour à la communication.

Nous profitons de ce courrier pour vous rappeler que certains professionnels ne respectent toujours pas la législation en « omettant » de remettre un certificat de cession pour les espèces le nécessitant.

Nous sommes bien entendu tout à fait prêts à collaborer avec vos services dans la recherche d’une solution pour ces problèmes que nous déplorons car pouvant porter gravement préjudice aux éleveurs de loisirs que sont les aquariophiles dans leur immense majorité.