Menace sur l'importation de 350 espèces
Cet article est paru sur le site web du magazine anglais « Practical Fishkeeping ». Il revêt une grande importance pour les aquariophiles puisque la directive dont il est question devrait être introduite dans la législature de chaque pays d’Europe pour le 1er août prochain. Sauf amendements improbables, ce texte interdirait dans les faits toute importation de Puntius, de Trichogaster, de Labeo, de Channa et de Mastacembelus.

Les Puntius sauvages pourraient être bannis si la Directive est introduite sous sa forme actuelle. Les importations d’une partie importante de poissons tropicaux pêchés dans la nature pourraient être restreintes si la nouvelles directive de l’UE est introduite.
Les importations des Puntius, Trichogaster, Labeo, Channa, Catla et les poissons du genre Mugil en feront partie quand la directive sur la Santé des Animaux Aquatiques prendra effet au 1er août 2008.
La “Aquatic Animal Health Directive” (connue sous le numéro 2006/88) considère les maladies piscicoles KHV (Koi Herpes Virus) et EUS (Epizootic Ulcerative Syndrome) comme susceptibles d’atteindre l’Union Européenne et veut imposer des mesures pour contrôler l’importation des poissons susceptibles de porter ces affections.
On pense que le KHV ne touche directement que la carpe (Cyprinus carpio), mais l’EUS peut affecter potentiellement un nombre plus large d’espèces, parmi lesquelles un certain nombre de poissons d’aquarium.

350 espèces concernées

La directive a considéré que l’ensemble des poissons des genres Puntius, Trichogaster, Mastacembelus, Labeo, Catla et Mugil sont capables de contracter la maladie, et propose de restreindre l’importation des poissons depuis les zones dont il n’est pas prouvé que la maladie soit absente.
Il y a actuellement 126 espèces de Puntius, 28 Channa, 5 Trichogaster, 61 Mastacembellus, 105 Labeo, 18 Mugil et 3 Catla reconnues. La liste comprend donc quelque 350 espèces.
Pas de mention d’une interdiction des genres étroitement apparentés, qui pourraient contenir des poissons précédemment inclus dans les genres interdits.
Comme les exportateurs qui capturent dans la nature ne pourront satisfaire à cette exigence, cette étape législative pourrait signifier la fin de toutes les importations des espèces de ces genres, qui ne sont pas reproduits en captivité dans des pays certifiés sans EUS.
Le Defra (Organisme gouvernemental qui s’occupe de cette matière en Angleterre.) déclare : "Tous les Etats membres de l’Union Européenne et certains membres de la zone économique européenne, incluant la Norvège, sont tenus de prendre toutes les dispositions pour inclure cette directive en mai 2008 et de la rendre opérationnelle en août 2008. "
Certaines dispositions sont obligatoires et les Etats membres doivent les adopter. Les pays de la zone disposent de plus de flexibilité et de choix dans le cadre de cette directive.
La Directive, qui devra s’appliquer à la législation d’Angleterre et du pays de Galles, est actuellement toujours au stade de la consultation et les consultants ont jusqu’au 7 mars 2008 pour répondre aux propositions dans ces pays.

Epizootic Ulcerative Syndrome

La responsable du changement de la législation, l' "Epizootic Ulcerative Syndrome”, ou EUS, est une maladie dont peu d’aquariophiles ont entendu parler. On pense que c’est une affection complexe caractérisée par la présence d’un champignon appelé “Aphanomyces invadans”, causant des plaies à l’aspect cancéreux sur le corps peut-être dues à des infections secondaires de bactéries opportunistes, dont Aeromonas hydrophyla et A. sobria.
Le champignon envahit la cavité ventrale et peut mener à une mortalité de masse chez certains genres de poissons. Defra affirme que la maladie, qui est saisonnière, est de grande importance et peut affecter des poissons sauvages ou d’élevage en eau douce et en estuaire.
EUS est endémique au sud-est asiatique et en Asie du Sud et a récemment été découvert dans l’Ouest de l’Asie. On ne l’a pas encore observé au Royaume-Uni.

L’opposition du Commerce

La mise au ban de genres entiers cause des problèmes au commerce aquariophile :
L’ "International aquarium trade body Ornamental Fish International (OFI)”, déclare : ” Nous ne pouvons marquer notre accord avec la liste des genres sensibles de l’UE. D’après les informations fournies par Defra/OIE, il n’y a qu’une seule espèce de Puntius et une seule de Labeo susceptibles de contracter l’EUS, et pas une seule espèce de Mastacembelus. »
"OFI est actuellement en train de discuter avec la Commission Européenne à ce sujet. La liste actuelle a cependant déjà été publiée dans la directive 2066/88 et une adaptation nécessitera un changement de la législation".
Keith Davenport, le Directeur de l’”Ornamental Aquatic Trade Association (OATA)” a confié à Practical Fishkeeping: "La nouvelle Directive est sensé prendre des mesures proportionnelles aux risques identifiés. Nous avons toujours prétendu que toute mesure doit s’appliquer à des risques avérés plutôt qu’à des possibilités théoriques déterminés par des analyses de laboratoires".
"Alors qu’on a signalé la maladie dans les genres listés par l’UE, il n’y a aucune preuve d’importation de la maladie par le commerce ornemental ayant causé des problèmes au sein de l’UE. Ainsi, les nombreuses décades d’expérience pratique n’ont jamais pu révélé de risque en pratique.
La directive elle-même reconnaît que les poissons d’ornement, spécialement les tropicaux, maintenus en aquarium et en étang, ne posent pas le même risque que les poissons alimentaires dans la nature.
"Nous continuerons à travailler avec les collègues d’autres groupes commerciaux, spécialement l’OFI, pour pousser à ce que la directive à appliquer soit proportionnelle aux vrais risques évoqués".
De plus amples informations sur l’enquête pour l’implémentation de la Législation en Angleterre et au Pays de Galles peuvent être trouvés sur le site de la Defra.

Commentaires sur le cas des Puntius :

Le genre Puntius figure dans la Directive parce qu’on a constaté l’EUS sur une seule espèce, à savoir Puntius sophore. Pourquoi dès lors ne pas considérer tous les Cyprinidae comme susceptibles d’être atteints par la maladie ?
Il y a une autorité, l’Europe, pour décider de ces textes de lois contraignants, il n’y en a pas pour décider de la validité des noms de poissons. Dans les faits, c’est donc l ’Ichtyologiste qui a créé le genre Puntius qui décide maintenant, sans le savoir, de la limite de la restriction. Heureusement que ces poissons (il y a 126 espèces quand même) ne sont pas demeurés au sein des Barbus !
Sans autorité contraignante dans le domaine, est-on même obligé de suivre cet Ichtyologiste ?
On pourrait rétablir leur nom ancien ! Sauf Puntius sophore évidemment, il faut laisser aux fonctionnaires européens le sentiment du devoir accompli.

La FFA reste bien entendu très attentive à cette nouvelle menace.