Un groupe de 11 députés(1) vient de déposer une proposition de loi qui condamne à mort l’élevage amateur en général et l’aquariophilie en particulier.
Une nouvelle fois, le titre de cette proposition de loi (PPL) joue sur la corde sensible des députés : « PPL visant à protéger les animaux, à améliorer leurs conditions de vie et à lutter contre la maltraitance ».
Qui irait à l’encontre d’une telle profession de foi à laquelle nous souscrivons sans hésitation … mais surement pas dans les conditions édictées dans cette nouvelle et mortifère PPL.
Selon ces députés, la maltraitance aurait augmenté de 1,5% en 2023.
Sur quelle base sont calculés ces 1,5% ? Quelle en est la source officielle digne de foi ? Nul ne le sait. Les seuls chiffres connus sont ceux donnés par les associations de protection animale qui présentent les décomptes qu’elles veulent puisqu’il n’existe aucun contrôle officiel sur ce sujet. Les chiffres avancés vont de 100 000 à 300 000 (surtout chiens et chats) ; il y a en France 80 millions d’animaux.
Si on ne peut être que d’accord avec certains articles de cette PPL, on se rend compte que, dans d’autres, les rédacteurs sont totalement ignorants de la réalité. Visiblement, de nombreuses propositions sont issues de la pensée animaliste dont les adeptes, rappelons-le, ne représentent que 2% de la population française (dernières élections législatives ; ils en espéraient 5 !) et veulent imposer leur dictature au 98% restants.
On subodore, derrière cette PPL, les actions de lobbying de « Eurogroup for animals » qui, présent à Bruxelles, regroupe et finance de nombreuses associations animalistes européennes grâce aux généreux donateurs que sont certaines multinationales qui veulent imposer leur « viande de culture » et autres saloperies génétiquement modifiées.
Cette PPL propose donc :
Un crédit d’impôt pour les propriétaires qui font stériliser leur animal de compagnie (article 1) ; Une aggravation des peines pour les actes de cruauté et de zoophilie (article 2) ; L’encadrement des euthanasies de complaisance (article 4) ; L’exonération de la TVA pour la castration des chiens et chats errants (article 6) ; L’interdiction de la stimulation ovarienne chez les chattes et chiennes et l’électrostimulation chez les mâles avec création d’une peine de prison en cas d’infraction (articles 9 & 10) ; La création d’une taxe sur le tabac pour couvrir les pertes de l’Etat suite à l’application des mesures inhérentes à cette PPL (article 11).
Propositions qui n’intéressent pas les aquariophiles que nous sommes et sur lesquelles nous ne prendrons pas position.
MAIS EGALEMENT !!!
- L’identification et la délivrance d’un certificat d’engagement pour TOUS les « nouveaux animaux de compagnie (NAC) » (articles 3 & 7)
Lors de l’étude de l’arrêté du 8 octobre 2018, la Commission nationale consultative pour la faune sauvage captive du ministère de l’écologie s’était prononcée contre l’identification des poissons et invertébrés aquatiques faute d’une solution adéquate. Rappelons que cette commission est constituée de vétérinaires et autres spécialistes de l’élevage d’espèces non domestiques.
Il faudra donc demander à nos amis députés de nous communiquer la méthode qu’ils ont trouvée. Mais, nous en sommes certains, ils ont travaillé consciencieusement sur leur PPL, pris contact avec des éleveurs, étudié toutes les possibilités et ils ont les solutions. Attendons nous donc à devoir pucer alevins et polypes coralliens !
- L’assermentation de bénévoles enquêteurs des associations de protection des animaux afin qu’ils puissent intervenir immédiatement lors de la constatation d’actes de malveillance avec possibilité de soustraire immédiatement l’animal en danger à son mauvais traitement (article 5).
Voici un article qui, à l’évidence, est l’émanation même de la pensée animaliste.
- Comment seront assermentées ces personnes ? ;
- Aux yeux des activistes animalistes, antispécistes, anti élevage, anti détention d’animaux et autres anti … tous les éleveurs sont des maltraitants. Ces activistes assermentés auront-ils alors la possibilité de pénétrer chez un particulier pour lui retirer ses animaux ? Pour les placer où ?
- Possèderont-elles les connaissances requises pour agir avec raison et bonne foi ? La plupart des vétérinaires s’estiment eux-mêmes incompétents en ce qui concerne les poissons et invertébrés aquatiques.
- Seront-elles capables de mettre de côté l’affectif et les « à priori » qui, bien souvent, font oublier toute rationalité ?
- Peut-on imaginer qu’un bénévole associatif, membre d’une association dite de « protection animale » (tout le monde peut l’être) puisse entrer sur une propriété privée pour soustraire un animal à son propriétaire sans décision judiciaire et en l’absence de représentants de la loi, simplement parce qu’il aura estimé qu’un animal est maltraité. Sur quelles bases ?
- Où commence la maltraitance ? Lors d’une table ronde tenue dans le cadre du Centre national de référence pour le bien-être animal (ministère de l’agriculture), il n’a pas été possible de mettre en évidence les critères qui permettent de déterminer ce qu’est le bien-être d’un poisson ou d’un invertébré aquatique. Le terme « bientraitance » nous semble nettement plus adapté.
- Où seront placés les animaux retirés à leur propriétaire ? Les refuges sont saturés. Rappelons le fiasco du zoo de Pont-Scorff, géré par des associations dites de « protection animale », sensé recueillir les animaux abandonnés ou saisis pour … les réintroduire dans la nature. Une gestion calamiteuse a entrainé la mort de nombreux animaux et sa fermeture en quelques mois.
L’interdiction de vente des NAC (donc des poissons et invertébrés aquatiques) au même titre que, actuellement, les chiens et chats (article 8).
La « filière animale » représente 10 à 15 000 emplois pour environ 5 milliards de chiffre d’affaires. Des filières professionnelles sont dédiées cette sphère (Bac pro technicien conseil vente en animalerie ; BTS technico-commercial option univers jardins et animaux de compagnie). Que vont devenir ces diplômés ?
L’arrêt de la vente du vivant en animalerie portera un coup fatal à ces filières diplômantes et entraînera la fermeture de nombreux commerces spécialisés ; c’est en effet le vivant qui entraîne les ventes d’accessoires.
Par ailleurs, ces fermetures entraîneraient une explosion des filières parallèles. La loi Dombreval était sensée réduire les abandons : force est de constater qu’il n’en est rien. Il est évident que l’on n’abandonnait pas un chien acheté en animalerie plusieurs centaines ; voire milliers, d’euros. Ce n’est pas le cas pour un animal acquis beaucoup moins cher sur les marchés parallèles.
Enfin c'est souvent dans une animalerie que les futurs éleveurs font connaissance avec ce qui deviendra ensuite une passion qui évoluera vers l'élevage de loisirs et, bien souvent, vers l'élevage conservatoire.
Devant les dangers représentés par cette PPL, nous allons bien entendu réagir.
Tous nos contacts, parlementaires, avocats, juristes … ont déjà été contactés et alertés soit directement par FédéAqua soit par ProNaturA.
Nous appelons toutes les associations aquariophiles à nous rejoindre de façon à ce que notre représentation au plus haut niveau soit maximale.
Nous avons l’espoir de voir les grandes enseignes animalières ainsi que les fabricants … réagir car leur survie est en jeu si cette PPL est adoptée.
Si elle passe en l’état, c’est la fin programmée de l’aquariophilie, c’est la fin du loisir animalier en général.
Soyez certains que la Fédération Aquariophile de France se battra de toutes ses forces contre cette nouvelle attaque et vous tiendra informés. Mais pour cela, nous avons besoin de tous les aquariophiles et de leurs associations.
(1) Alexandra MARTIN, Valérie BAZIN-MALGRAS, Vincent ROLLAND, Nicolas RAY, Ian BOUCARD, Nicolas FORISSIER, Michel HERBILLON, Emilie BONNIVARD, Yannick NEUDER, Philippe JUVIN, François-Xavier CECCOLI, tous députés de la droite républicaine.