Amazonie feuxAmazonie : forêt carbonisée, poissons menacés
Selon les experts, certaines espèces de poissons sont menacées de disparition par les incendies qui détruisent actuellement la forêt amazonienne et la déforestation qui en découle.

Ces feux de forêt ont, cette année, alerté le grand public sur les risques de la déforestation. Mais l’un de ces risques n’a pratiquement pas été évoqué et il intéresse les aquariophiles : il s’agit de l’impact de cette déforestation sur les écosystèmes aquatiques et plus particulièrement sur les poissons qui y vivent. En Amazonie, plus de 3000 espèces de poissons sont connues et des centaines restent à découvrir (R. Allgayer s’en fait régulièrement l’écho dans notre rubrique « nouvelles descriptions » du site internet).

Carte amazoneLe plus grand fleuve du monde, et ses 1700 (environ) affluents, s’écoulent dans une forêt pluviale dont plus de 15% de ses 6,1 millions de km2 (40% de l'Amérique du Sud), se composent de zones humides inondées chaque année de décembre à avril, lors de la saison des pluies.
À cette période, le lit de l’Amazone peut monter de 15 mètres et les zones inondées peuvent s’étendre jusqu’à 15 voire 20 km du lit mineur.

Puisqu’Ils y trouvent nourriture et abri, ces zones humides permettent la survie des poissons dont dépend en grande partie l’économie locale.

A noter que des milliers de poissons se trouvent piégés dans les « flaques résiduelles » lorsque les eaux regagnent leur lit mineur. Condamnés à mourir lors de l’assèchement des flaques, ils peuvent être pêchés à destination de la filière aquariophile. Ceci pour faire comprendre (s'ils en sont capables !) aux détracteurs de l’aquariophilie que la capture de poissons sauvages n’est pas forcément une atteinte aux écosystèmes.

En 2017, une étude scientifique a comparé 12 années de données halieutiques avec les images satellites d’une zone de l’Amazone inférieur. La corrélation entre déforestation et diminution de la faune piscicole ne fait aucun doute.
Leandro Castello, écologiste spécialiste des régions tropicales et de l’étude des liens entre forêts et poissons du Global Change Center de l’Institut Polytechnique de Virginie, résume les constations : « Nous avons découvert que les zones déboisées correspondaient aux zones où les rendements de la pêche locale étaient plus faibles que celles entourées de forêts fournies ».

Bien qu’une grande partie soit restée vierge, les forêts inondables d’Amazonie ont subi, ces dernières décennies, de gros dégâts notamment dans leur partie orientale brésilienne, dégâts principalement dus à la déforestation intensive et qui pourraient altérer durablement les écosystèmes aquatiques.
Toujours selon L. Castello : « Si nous ne protégeons pas ces régions, les rivières ne seront plus les mêmes et nous perdrons les poissons ».

Fort heureusement, les plaines inondables ne sont pas les plus prisées par les agriculteurs/éleveurs qui déclenchent les incendies, mais restent néanmoins, lors de la saison sèche, très sensibles au feu, du fait de leur végétation spécifique.

Selon les scientifiques, le réchauffement climatique et la déforestation intensive augmenteront notablement les risques d’incendie qui auront un effet dévastateur sur la population piscicole amazonienne. Menace supplémentaire qui vient s’ajouter à la pression induite par l’exploitation minière, les barrages et les diverses activités humaines.

JJL


Sources :

Forest depletion gradient along the Amazon floodplain - Gradient d'épuisement des forêts le long de la plaine inondable amazonienne.

Leandro Castello’s research explores links between deforestation and fisheries yields in the Amazon - La recherche de Leandro Castello explore les liens entre la déforestation et les rendements de la pêche en Amazonie.

The Amazon is burning at record rates and deforestation is to blame - L'Amazonie brûle à un rythme record et la déforestation est à blâmer !