EEEreunionEspèces exotiques envahissantes sur l'île de La Réunion
Le Ministère de l'écologie a présenté un projet d'arrêté concernant les E.E.E. dans ce département d'outre-mer. En le lisant, on s'aperçoit que des espèces ont été "jetées" pêle mêle sur le tapis, sans la moindre logique, sans la moindre cohérence. Inadmissible, d'autant plus que ce projet sonne le glas de l'aquariophilie réunionnaise. Nous avons donc fait savoir notre désaccord au ministère de l'écologie

Monsieur

Nous sommes tout à fait conscients de la nécessité de lutter contre les espèces exotiques envahissantes. Néanmoins, la liste de ces espèces doit être établie sur des bases cohérentes et logiques. Or, nous avons été très désagréablement surpris de découvrir le projet d’arrêté relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion.

Nous attirons tout d’abord votre attention sur le fait que cet arrêté est une véritable condamnation à mort de l’aquariophilie sur l’île de La Réunion.
Or, l’aquarium est précisément un excellent outil qui permet d’éduquer le public, et notamment les jeunes, à l’écologie et à la protection de l’environnement aquatique. Réduire drastiquement les espèces pouvant être maintenues en aquarium entraînera inévitablement la disparition du loisir aquariophile et, par voie de conséquence, la disparition des actions éducatives inhérentes. L’éducation des jeunes est l’une des pierres angulaires qui permettront de réussir la transition écologique et l’aquarium a toute sa place dans ce système éducatif.

Le même type d’arrêté a été pris pour la Martinique et La Guadeloupe. La liste des espèces piscicoles déclarées envahissantes était tout à fait logique et cohérente pour ces deux départements ultra-marins. Nous sommes étonnés que ces mêmes listes n’aient pas été reprises pour La Réunion alors que les conditions permettant une acclimatation y sont beaucoup moins favorables.

La liste présentée dans le projet nous semble ni cohérente ni logique : quels sont les critères qui ont déterminé l’inscription des différentes familles ? Et pourquoi telle famille plutôt qu’une autre ?
Si nous comprenons l’inscription de certaines familles (Latidae, Channidae, Polypteridae …) nous ne comprenons absolument pas le choix, par exemple, de l’ordre des characiformes.
De même, pourquoi ne pas avoir retenu tous les Serrasalmidae herbivores (Myleus, Mylosoma …), seul le genre Metynnis n’étant pas considéré comme espèce exotique envahissante ?

Le réseau hydrographique réunionnais est majoritairement composé de « ravines » asséchées lors de la saison sèche et d’une dizaine de cours d’eau pérennes qui, pour la grande majorité d’entre eux, ont un régime torrentiel du fait des pentes qu’ils dévalent.
Nous trouvons donc, sur l’île de la Réunion, des écosystèmes tout à fait différents des régions d’Amérique du sud dans lesquelles vivent les Characidae où les eaux sont beaucoup plus calmes, humifères ou limoneuses.
Il faut également noter que, dans l’immense majorité des cas, la période de reproduction se déroule lors de la saison humide alors que les cours d’eau occupent leur lit majeur, avec un courant pratiquement nul. Leurs chances de reproduction sur l’île de La Réunion sont donc inexistantes.

Il est donc évident que les Characidae, et les characiformes en général, ne peuvent s’acclimater sur cette île, faute de pouvoir s’y reproduire. Il en est de même pour les Osphronemidae et les Callichthyidae.

Nous vous demandons donc de bien vouloir revoir, en fonction des commentaires ci-dessus, la liste des espèces de poissons figurant sur le projet d’arrêté. Nous sommes tout à fait prêts à en discuter avec vos services.
Vous en remerciant et restant à votre entière disposition ;
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