TraiteZoologieLes poissons sont-ils des animaux ?
Pendant les 2 mois du confinement, l’entretien des installations aquariophiles associatives, et donc les soins apportés aux poissons, s’est fait dans une totale illégalité. Les soignants ont toujours été sous la menace d’une amende pour non-respect du confinement. Ce n’est pas par manque d’avoir alerté nos dirigeants.

Dès le 19 mars, nous contactons les services des ministères de l’écologie et de l’agriculture.

Le bureau faune sauvage captive du ministère de l’écologie répond très rapidement conseillant de cocher, sur l’attestation dérogatoire de circulation, la rubrique « déplacements brefs … aux besoins des animaux de compagnie » et d’y joindre copie de son courriel. Malheureusement aucun texte officiel n’est publié suite à cette suggestion.

Le bureau de la protection animale du ministère de l’agriculture, quant à lui, fait preuve d’un silence assourdissant, mis à part d’une réponse très laconique, après plusieurs courriels de notre part : « À ce stade, je vous invite à lire l'instruction 2020-218 qui rappelle que les déplacements sont limités à 1h / 1 km, hors établissements d'intérêt général tels que les refuges et fourrières. Toute solution permettant de limiter le déplacement (recours aux voisins) devra être privilégiée. ».
Autrement dit, les poissons ne méritent pas d’être pris en compte au titre de la « protection animale ». Il nous semble pourtant que, au même titre que les chiens, chevaux, … les poissons ont été placés, par Linné, dans le règne « Animalia » et devraient donc bénéficier de cette « protection animale » ; à moins que le ministère de l’agriculture n’ait revu la systématique à sa façon.

Le 15 avril, une lettre ouverte est envoyée aux parlementaires. Enfin quelques réactions :
• M. Arnaud BAZIN, sénateur du Val d’Oise : question écrite au ministère de l’intérieur.
• Mme Nathalie DELATTRE, sénatrice de la Gironde : question au ministre de l’agriculture.
• Mme Agnès FIRMIN LE BODO, Députée de Seine-Maritime, question au ministre de l’agriculture.
• Mme Martine BERTHET, Sénatrice de Savoie. Conseille de joindre, à l’attestation dérogatoire de circulation, une attestation du Président de l’Association.
• M. Yves DETRAIGNE, Sénateur de la Marne, question au ministre de l’agriculture.
• M. Belkir BELHADDAD, Député de la Moselle : questions aux ministres de l’agriculture et de l’écologie.

À ce jour, aucune de ces questions n’a reçu de réponse ! Les Ministres sont muets ! C’est dire le dédain des bureaux ministériels vis-à-vis de l’aquariophilie (et des parlementaires !). Gageons qu’un jour la réponse arrivera ; mais le confinement étant terminé (sauf reprise dramatique de l’épidémie) à quoi servira-t-elle ?

Le 16 avril, en l’absence de réponse officielle des services ministériels, nous alertons directement les ministres concernés (écologie, environnement, intérieur), par saisine. Il n’y aura pas la moindre réponse de leur part.
Le cabinet du Président de la République fait également l’objet d’une saisine. Pas de réponse non plus de ce côté.

Toujours le 16 avril, nous publions un communiqué de presse à destination :
• Des quotidiens nationaux et régionaux : aucune réponse ;
• Des radios d’information : seul RTL nous a contacté, sans donner suite ;
• De l’AFP : pas la moindre réaction.

À cette même date sont également contactés :
• La SPA : pas la moindre réponse ; les poissons ne doivent pas être considérés comme des animaux !
• 30 millions d’amis : enfin une réponse, pour compatir et nous informer que cette association rencontre les mêmes problèmes avec ses enquêteurs.

À ce jour, près de 15 jours après la fin du confinement, nous attendons toujours la réponse des ministères à nos requêtes ainsi qu’aux questions posées par certains Sénateurs et Députés que nous avons, bien entendu, remerciés pour leur implication.

En résumé : si l’on se réfère aux différents ministères contactés (sauf le bureau faune sauvage captive du ministère de l’écologie mais sans texte officiel), notamment au bureau de la protection animale du ministère de l’agriculture, ainsi qu’à la SPA, les poissons ne sont apparemment pas des animaux. Il est vrai qu’on ne les entend jamais se plaindre ! Ils peuvent mourir tranquillement dans leur coin en faisant des bulles, ça ne gêne personne … sauf les aquariophiles !

Si l’on ajoute à cela des arrêtés mortifères pour l’aquariophilie notamment ceux tendant à interdire, aux aquariophiles, la sensibilisation du public au monde aquatique ou encore, par exemple, cette liste illogique et incohérente concernant les espèces exotiques envahissantes sur l’île de la Réunion, on ne peut que regretter le dédain total de nos dirigeants pour les actions menées par les éleveurs aquariophiles.

Peut-être que, si un jour, tous les acteurs de la sphère aquariophile (amateurs spécialisés ou non, professionnels, …) venaient à s’unir, leur force serait telle qu’ils seraient beaucoup plus entendus. On peut toujours rêver.