Puntius denisonii : espèce en danger
Puntius denisonii
vient d’être inscrit sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme étant une espèce menacée. D’après cette organisation, sa population a diminué d’environ 70% ces dernières années et sa distribution géographique est désormais très fragmentée.
Seuls, quatre fleuves accueillent désormais les reproducteurs. De ce fait, la capacité de l’espèce à se rétablir reste problématique du fait d’une diminution de la Puntius-denisoniidiversité génétique mais aussi à cause d’un sex ratio fortement masculin.

L’UICN suggère de limiter la pêche de cette espèce, de créer des zones protégées ainsi que des élevages.

Endémique de la région des Ghâts occidentaux, à l’ouest de l’Inde, ce cyprinidae a été exporté pour la première fois en 1996.
Grégaire, paisible, omnivore, il peut atteindre 15 cm. Le dimorphisme sexuel est peu apparent, la femelle étant plus rebondie en période de reproduction qui, d'ailleurs, n’a, à notre connaissance, jamais été réalisée en aquarium.
Cette espèce n’est pas très courante dans nos bacs et reste d’un prix assez élevé. Il semble qu’elle est reproduite dans des fermes d’élevage indonésiennes.

Inde-GhatsLes Ghâts occidentaux, région d’origine de Puntius denisonii, s’étendent sur une longueur de 1 600 km pour 160 000 km2. La densité de population atteint 260 habitants/km2 avec un fort taux de croissance démographque. Seuls 10 à 15% de la superficie de cette immense région sont protégés par le statut de « parc national ». 20 à 25% de la forêt primitive sont encore à peu près intacts.
La création de zones de monocultures intensives (thé, café, huile de palme …) a conduit à une déforestation intensive. Cette atteinte aux écosystèmes est encore aggravée par l’érosion inhérente au déboisement ainsi qu’aux pâturages bovin et caprin. Or, la forêt humide du sud des Ghâts abrite plus de 40% de poissons endémiques ! On comprend aisément pourquoi la biodiversité est très menacée dans cette région du sous-continent indien et ce ne sont surement pas les quelques milliers de spécimens capturés sur place, pour l’aquariophilie, qui mettent l’espèce en danger.
Comme en de nombreuses régions du globe, préserver une espèce c’est avant tout préserver son environnement.

Ceci dit, il nous faut être responsables et ne pas ajouter la « pression aquariophile » aussi minime soit-elle à la pression exercée localement par la surpopulation, la surexploitation foncière et aux atteintes à l’environnement en général.

Aussi, nous suggérons aux aquariophiles responsables, et ils le sont dans leur immense majorité, de ne plus acquérir Puntius denisonii à moins d’être certain que les spécimens proposés proviennent d’une ferme d’élevage (difficile à vérifier) ou, challenge à relever, d’une reproduction en aquarium qui n’a, semble-t-il, jamais été réalisée à ce jour.
Photos : Robert Allgayer

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